lundi 6 septembre 2010

Maroc et Tunisie rament pour s'imposer en Méditerranée

Article de jeune afrique (04/09/2010)

  • Acteurs mineurs dans la plaisance, le Maroc et la Tunisie tentent d’attirer la clientèle européenne. Un défi qui profite aux importateurs plus qu’à l’industrie locale, pénalisée par de lourdes taxes et procédures.
  • Objectif des deux pays : attirer dans leurs filets une plus grande part des 230.000 bateaux de plus de 7 mètres qui naviguent en Méditerranée. Pour l’instant, ils n’en accueillent pas plus de 2 %.
  • Le constat des autorités tunisiennes et marocaines est simple: les ports français, espagnols et italiens, qui abritent 80 % des bateaux de plaisance en Méditerranée, sont saturés. Trouver un emplacement maghrébin apparaît comme une opportunité… à condition que les marinas proposent des services de qualité et se situent près d’un aéroport. Une opération d’autant plus profitable qu’un plaisancier dépense 16 fois plus qu’un touriste ordinaire.
  • Maroc :
    Comparés aux poids lourds que sont Barcelone (2 millions de plaisanciers par an) et Marseille (1 million), les ports de Tanger (190.000) et de Casablanca (150.000) sont minuscules. Sur ses 3.500 km de côtes, le Maroc ne compte que six marinas, dont trois récentes (Saïdia, Rabat et Agadir), totalisant 2.300 anneaux. À Saïdia, Rabat, Tanger et Casablanca, près de 1.000 anneaux supplémentaires sont prévus au total. Et le plan de développement du tourisme de niche vise les 2 millions de plaisanciers à l’horizon 2015. La marina de Rabat propose 250 anneaux. Deux autres ports s’ajouteront dans l’estuaire, portant l’offre à près de 1.000 anneaux , la nouvelle marina d’Agadir Akwa offre 318 anneaux.
  • Tunisie :
    la Tunisie et ses 1.300 km de côtes dispose de 2 .000 anneaux. Le plan nautique mis en place par le ministère du Tourisme en prévoit 3 .000 en 2012 et 6.000 en 2020. Ses rivages, proches de la Sicile et de Malte, sont bien placés sur les routes des plaisanciers.
Des formalités rédhibitoires
Les marinas du Maroc et de la Tunisie sont surtout les pendants de grands projets immobiliers. Elles sont souvent conçues davantage pour l’agrément que pour réellement servir les plaisanciers. Les procédures administratives sont compliquées à chaque entrée dans un port. Et la location de longue durée reste difficile.
  • En Tunisie le nouveau code des ports maritimes, qui entrera en vigueur en 2011, prévoit un droit d’accostage qui imposera d’indiquer à l’avance ses heures d’entrée et de sortie du port, en totale contradiction avec l’esprit de liberté recherché par les plaisanciers. Les Européens, qui constituent déjà de 70 % à 90 % des visiteurs des marinas de Tunisie et du Maroc, sont les plus critiques à l’égard de ces lourdeurs administratives et des contrôles pesants dans les ports.
  • l’industrie nautique tunisienne emploie 2.000 personnes pour un chiffre d’affaires de 31 millions d’euros. Mais comme au Maroc, les chantiers navals peinent face aux importateurs. En cause, la lourde taxation et les procédures qui pèsent sur les acheteurs, qui font l’objet d’une enquête de police de trois à cinq mois.
  • Résultat: Entre 2009 et 2010, dix constructeurs tunisiens de bateaux de plaisance ont fermé« Si l’administration ne change pas les règles du jeu, je suis pessimiste sur l’avenir de nos chantiers, déplore Hassen Kamel, directeur financier de Saniboats. C’est rageant, car la conjoncture est bonne avec le développement des marinas.
  • Mais si l’activité de construction subira toujours une sévère concurrence internationale, les activités de services ont un réel potentiel. La location de bateaux de plaisance pour les particuliers, par exemple, n’existe pas en Tunisie. Les activités de maintenance et d’hivernage sont aussi à développer, même si Rodriguez, le constructeur français de bateaux à moteur de luxe de plus de 20 mètres, est un acteur clé du marché tunisien depuis 2000 avec sa filiale SNPBoat services. « Les frais d’hivernage sont quatre fois moins élevés en Tunisie qu’en Europe », assure un plaisancier.

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